26 - Dat Ole Huus

 

Jeudi 18/8

Peu après Rosengarten, nous rejoignons un itinéraire " officiel " : la véloroute Leine-Heide (Leine-Heide-Radveg). Son tracé est à peu près parallèle à la route retour que j'avais dessinée, au moins jusqu'au nord-ouest de Hanovre. Alors profitons-en !

La vélo route, bien conçue et bien fléchée, évite de longer les grands axes, quitte à louvoyer dans la campagne.

Le pays que nous traversons est calme. C'est une alternance de bois de résineux et de larges clairières cultivées. Pas grand monde, des petits hameaux de belles maisons secondaires (nous sommes entre Hambourg et Hanovre), et surtout d'énormes et opulentes fermes. Sur la route, des tracteurs hauts comme des maisons nous dépassent où nous croisent. On se fait tout petits...

Puis l'asphalte disparait. La route devient cailloux et poussière. Sans points de repères, le chemin paraît plat, mais nos jambes nous disent que ça monte... 

Les champs cultivés laissent la place à d'immenses landes couvertes de bruyère à peine fleurie, cernées de collines. Beaucoup de ruchers. Le miel est une spécialité locale.

Sans l'avoir cherché, nous traversons la réserve naturelle de Lüneburger-Heide. 



Le centre de la réserve n'est pas accessible en voiture. Que des vélos, des promeneurs et des carrioles à chevaux pour les touristes. Un endroit préservé, hors du temps.





Bien sûr, ce n'était pas prévu. Si nous étions restés sur ma trace, nous serions passés à côté...

Nous nous arrêtons dans le petit hameau de Wilsede. Un garde nous aborde. Il s'intéresse à nos vélos, nous discutons un peu. Il nous dit " Vous devriez aller visiter le musée Dat Ole Huus, c'est la maison juste en face. Laissez vos vélos ici, je surveille ".

On n'a pas l'habitude de sauter sur le premier musée venu, mais pourquoi pas. Il faut savoir dire oui et garder l'esprit ouvert...

Le musée Dat Ole Huus est une vieille maison traditionnelle du 18ème siècle, déplacée et reconstruite ici en 1907. On y découvre la rude existence des paysans qui vivaient sur ces terres pauvres. 




Mais ce qui va donner une saveur toute particulière à cette visite, c'est - encore - le hasard...

Nous sommes les seuls visiteurs. Au moment où l'hôtesse des lieux commence ses explications, 2 autres personnes se joignent à nous : Doris et Bernard. Je les appelle par leur prénom car nous avons immédiatement sympathisé. Doris est allemande, Bernard est français. Ils forment un couple atypique et attachant. Bernard est intarissable et ne parle pas l'allemand. Doris parle très bien le français.

La visite est terminée. Ils ont le temps, on a le temps. La conversation se poursuit à la terrasse voisine, autour d'un goûter. Nous parlons de nos vies, de nos enfants, de nos convictions, de tout... le courant passe.

Encore la magie du voyage... Une " rencontre miraculeuse ", comme le dit Doris...

L'après-midi est déjà bien avancé, il faut se quitter. Ils retournent à pied à leur voiture et nous n'avons pas encore décidé du point de chute de ce soir. Échange d'adresses et promesses de revoyure : Nous nous sommes peut-être faits de nouveaux amis...

Nous arrivons un peut tard au camping de Schneverdingen. Il y a une sonnette. Je sonne. Personne. Un numéro de téléphone. J'appelle. Pas de réponse.

Béatrice aborde deux jeunes cyclistes allemandes. Elles nous guident vers la partie réservée aux camping cars, où elles ont planté leur tente. Nous faisons pareil.

Le lendemain matin nous filons sans passer par la case départ... Encore un camping qui ne nous aura pas coûté cher. Ça c'est bien les français !

Vendredi 19/8

Longue étape tranquille dans la campagne allemande. Notre itinéraire se faufile, bien caché, dans un enchevêtrement de routes et d'autoroutes. Nous contournons Hanovre.

Le petit camping de Köpke où nous faisons halte ce soir est encore un drôle de truc : que des caravanes fossilisées, pas de réception, petits sanitaires, douche froide. Mais sympathique accueil familial, et surtout le plus calme de tous ! Pour 12 €. On a bien dormi. Et cette fois on a payé.

Samedi 20/8

Changement de cap. 

Nous quittons la route Leine-Heide pour nous diriger vers Hessisch-Oldendorf, où nous avons un courrier à livrer.

A nouveau étape plate et tranquille dans la campagne allemande. 10 km avant la fin, une ligne de crête boisée nous barre le passage. Nous devons passer par dessus pour redescendre dans la vallée de la Weser, où se trouve notre destination.

Ce sera la première montée sérieuse depuis Aarhus et, à ce jour, le point culminant du voyage : 270 mètres.

Ça monte sérieusement mais régulièrement. Et puis on sait qu'après il y aura une belle descente !

Béatrice dit que pour avancer plus vite dans les côtes, il lui faudrait des jambes plus longues, mais sans changer de taille. Des jambes attachées aux épaules, en quelque sorte... Elle n'aurait pas dû boire une bière hier soir.

Après l'effort de la montée, le plaisir de la descente. La trace nous envoie sur des chemins pierreux et pentus. Séraphine et Rouletabille préfèrent éviter, et nous aussi. D'un commun accord, nous gardons la route principale. Grandes courbes et sensations motocyclistes... Entraîné par le poids des bagages, je prends de la vitesse... Rouletabille me rappelle à l'ordre : " Eh ! t'as vu le panneau ? Vitesse limitée 70 km/h, alors mollo hein ! "

Après une dernière petite dégringolade à 10%, Hessisch-Oldendorf : Petite ville quelconque sur la Weser, mais halte confortable à l'hôtel Baxmann... Hmmm, les petits hôtels allemands, on y prend goût !



Pour ce soir, nous cherchons un restaurant qui ne soit ni un kebab, ni une pizzeria, ni un fast-food. Pas beaucoup de choix. Google propose le " Bad Kassel restaurant ", avec avis élogieux à l'appui. Nous entrons. Ambiance sombre et défraîchie, vieille odeur de tabac... On s'assoit, avec déjà l'envie d'être ailleurs. On commande des bières à contre-cœur. On a l'impression de déranger. On se regarde et on s'en va avant que les bières n'arrivent. Les avis Google dataient d'il y a 5 ans... Leçon : toujours se méfier de Google.

Finalement, nous achetons une salade à la supérette d'à côté. Repas simple, pas cher et agréable, dans le petit salon de thé attenant.

On est samedi soir. Dehors c'est crissement de pneus et furieux rugissements de moteurs. Fous de bagnoles, ivres de pétrole et insouciants, ces hommes jouent à celui qui a la plus grosse et jettent en l'air le précieux liquide qui nous manquera demain. Peut-être même cet hiver, qui sait ?

Pendant ce temps, on met les bouchons d'oreille, et on s'endort au calme, dans un grand lit douillet : Tout un symbole... Insouciants nous aussi, ne les jugeons pas, on n'est pas meilleurs...

Demain, on a du boulot !

Les aquarelles de Béatrice

Parc Lüneburger - Maison traditionnelle " Das Weseler Herenhaus "

Séraphine dans la lande Lüneburger

Parc Lüneburger

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