L’an dernier, dans l’article « L'imprévu dans l'imprévu », je vous parlais de mes premières péripéties cardio-vasculaires en temps de Covid.
Il y a eu une suite.
En 2021 j'ai fait un voyage dans le vide. Je ne suis ni Elon Musk, ni Jeff Bezos, je n'ai pas de grosse fusée à ma disposition. Et pourtant d'une certaine manière je suis allé plus loin qu'eux : hors du temps.
Laissez-moi vous raconter cela...
Si vous prenez le train en route, un petit résumé : En tant que cycliste, je fais des tests d’effort environ tous les 5 ans. En mai 2020, il se trouve que mon test est positif. Positif, dans la langue médicale, ça veut dire : ***problème ***. De mon point de vue, le mot négatif aurait été plus approprié. Mais passons.
Le cardiologue me prescrit alors d’autres examens qui confirment son premier diagnostic : un rétrécissement des artères coronaires, d'origine principalement génétique, « qui pourrait conduire à un infarctus », dit l'homme de l'art sans sourciller. Difficile à entendre quand on ne ressent aucun symptôme. Mais aurais-je osé le contredire ? Non, bien sûr.
En Juillet 2020, donc, première pose de 3 stents. Les stents sont des petits grillages tubulaires qu’on pousse dans les artères du cœur et qu’on gonfle ensuite pour en écarter les parois et rétablir la circulation sanguine. Dit comme ça, ça à l'air tout simple. Mais c'est juste fantastique ! et surtout ça évite des interventions beaucoup plus lourdes... quand ça marche.
Manque de pot, dans mon cas ça n’a pas marché.
A partir de l'automne 2020, je ressens des signes que j'ai d'abord du mal à interpréter : essoufflement, douleurs dans les bras. Mon nouveau médecin traitant, bien gentil mais peu expérimenté, me dit « mais non, tout va bien ». Le temps de ME convaincre que, non, tout ne va pas bien, et de LE convaincre lui, on est en mars 2021 lorsque j'obtiens un RV avec le cardiologue.
Le cardiologue, à la fin du RV : « Vous êtes venu à vélo ?!? Ouh la la... SURTOUT ne rentrez pas chez vous à vélo !! Demandez qu'on vienne vous chercher ! et plus de vélo jusqu'à nouvel ordre ! »
Oups.
Il m'a bien fichu la trouille. Encore un qui a dû sécher les cours de psycho...
Un jour, quand j'aurai le temps, je lui expliquerai la différence entre faire du vélo et faire le tour de France : Pédaler n'est pas forcément un exploit sportif, c'est aussi une activité physique simple, bonne pour la santé et à la portée de tous... mais bon c'était pas le moment. J'étais, comment vous dire... un peu démoli. Complètement même.
Fin mars 2021, passage à la clinique pour un nouvel examen et la pose de 2 stents supplémentaires (5 en tout, si vous avez suivi). Et en juin, nouveau test d’effort : toujours positif, donc problème non résolu, voire aggravé. Il paraît que les stents, ça marche 9 fois sur 10. Moi je suis le dixième. C’est comme ça. « Vos chromosomes n’aiment pas les stents », confirmera plus tard le chirurgien.
Je suis en vrac. Un tas de caillou. Le vélo, c'est une passion, c'est notre fil conducteur, c'est toute notre histoire avec Béatrice : les choix de vie, les voyages, les ballades, refaire le monde en pédalant, tout ça... Vais-je devoir y renoncer ?
Alors je triche. J'installe sur mon vélo un moteur électrique et une batterie pour continuer à pédaler, doucement, discrètement... Le plaisir de l'effort n'est pas là, mais c'est quand même bon pour le moral.
Le temps d'un petit tour en Bretagne malgré tout... mais chut !
On est maintenant début juillet 2021. Devant les échecs successifs des stents, plus le choix, il faut passer à autre chose : le fameux pontage aorto-coronarien, c’est-à-dire court-circuiter les artères rétrécies au moyen d'une auto-greffe. Je vous passe les détails.
C'est une opération lourde, pas sans risque, mais raisonnablement maîtrisée : Le taux d’échec est parait-il de 1 sur 450. Je n’ai aucune hésitation. Il faut en finir avec cette fuite en avant vers je ne sais quoi. Et Le plus tôt sera le mieux. L’opération est planifiée pour le 22 juillet.
Le cardiologue : « Vous verrez, vous vous sentirez bien mieux après ». Elle est bien bonne... Moi, avant tout ça, j'allais très bien !!!
Cette première partie de l'histoire, je ne l’ai pas toujours bien vécue. C'est dur de s'accepter comme malade alors qu'on se sent en pleine forme. Il y a comme un sentiment d'injustice. Parfois je me dis qu'il aurait mieux valu ne toucher à rien. Mais ce qui est fait est fait... Et aurais-je osé me dresser contre le verdict de la médecine toute-puissante ? Non.
Grâce aux mesures COVID, j’ai bénéficié d’un soutien psychologique. J’ai pris un rendez-vous totalement au hasard sur Doctolib, et comme souvent le hasard est un joueur chanceux...
Ana (c'est son prénom) m’a aidé à mettre mes idées au clair : Qui suis-je ? Qu’est-ce que je veux vraiment ? Et surtout : comment surmonter ce qu’on ne maîtrise pas ? Faire la paix avec son corps, lui parler, le comprendre. Et enfin : qui est mon équipe de soin ? Au sens large, j’entends : qui prend soin de MOI ? De ma personne, et pas seulement des tuyaux qui sont dedans. Vous tous qui me connaissez, qui m’avez encouragé et pris de mes nouvelles, vous en faites évidemment partie.
La maladie des artères coronaires, dans mon cas, n'est rien d'autre qu'un héritage. Je n'en suis aucunement responsable, donc il ne sert à rien de s'en lamenter. Vouloir agir sur ce qui ne dépend pas de soi ne fait qu'attiser la souffrance. Je sais qu’on ne guérit pas de cette maladie, mais je peux décider de l'accepter, de vivre avec : chercher mon bonheur dans le présent. Vivre chaque jour comme si c’était le dernier (Marc Aurèle, empereur Romain et stoïcien), avoir des projets réalistes et ne pas s’inquiéter de l’avenir.
Ne plus jamais dire « plus tard » ...
Voyage dans l’espace-temps…
22 juillet 2021, 8h30
Une dernière plaisanterie sur les rillettes du Mans avec les anesthésistes, et c’est le noir antenne...
Les chirurgiens eux-mêmes comparent leur art à de la plomberie. Ils ne se rendent pas justice. Il suffit de penser que pendant l’opération le cœur est refroidi et mis à l’arrêt pendant plus d’une heure. On imagine les précautions, les technologies, les protocoles, et toute l’expérience qu’il faut pour que cet arrêt ne soit pas définitif, ou du moins n’entraîne pas de séquelles définitives.
Ce qu’on m’a fait exactement, je n’en parlerai pas ici. Si vous voulez savoir, tapez « pontage coronarien » dans Google. Moi, je ne suis pas sûr encore de vouloir connaître tous les détails…
Et la peur de mourir ? Ouais… Quand même un petit « gloup » au fond de la gorge au moment de rédiger ses « directives anticipées » (ça fait partie du dossier, c’est comme ça). Au fond, la mort, ce n’est même pas un mauvais moment à passer, puisqu’un moment suppose un avant et un après. Si je meurs, il n’y a pas d’après… donc pas la peine de s’en faire. Merci Marc Aurèle...
22 juillet 2021, beaucoup plus tard dans la journée
« Vous nous entendez, monsieur ? »
Je suis de retour sur Terre.
Ce qui s’est passé ce jour-là restera à jamais un grand trou noir.
Un trou noir, tiens, justement... là où la lumière disparaît, où le temps s’anéantit, un saut dans l’hyper-espace...
Pour traverser le mieux possible ce traumatisme, je me suis mis dans la peau d'un astronaute : partir dans l'espace, quitter l'orbite terrestre, naviguer en apesanteur, et revenir. Je parle de la grande aventure de la conquête spatiale, de Saturne 5 et d’Apollo, pas du soi-disant « tourisme spatial » d'aujourd'hui.
Conquête spatiale, années 60… C’était déjà le concours de celui qui a la plus grosse (fusée...) entre russes et américains, mais il y avait le souffle de l'aventure ! Il suffisait d’un grain de sable pour que tout déraille (c’est arrivé au moins une fois. Voir Apollo XIII).
Mon « Cap Canaveral » à moi, c’est la clinique de cardiologie Alliance NCT+ à Tours.
Je m’amuse à vous raconter cela comme une aventure extraordinaire, un séjour dans les étoiles, mais objectivement çà relève plus du voyage organisé… Bon. C’est pas un centre de vacances, faut pas exagérer non plus.
Mais reprenons…
Quelle heure est-il ? je n’en sais rien. Ma vision est sombre et monochrome. Du monde autour de moi, ils me parlent, je leur réponds par signe, j’ai encore ce gros tuyau dans la bouche. Combien sont-ils ? Où suis-je ?
Première pensée : Ah. Je me réveille, donc on est après. Je pense donc je suis... vivant ! (hum, pardon, Descartes, c'est pas ce que tu voulais dire...)
Deuxième pensée : je me frotte les jambes l’une contre l’autre pour essayer de savoir s’il y a un pansement. En effet, il arrive que tout ne se passe pas comme prévu et que le chirurgien soit obligé de prélever une veine dans la jambe pour réaliser l'auto-greffe. Le « plan B » en somme. Tout est lisse de ce côté. Bonne nouvelle.
Que s’est-il passé ? je n’en sais rien. J’y étais et j’étais ailleurs. Dans les étoiles, hors du temps.
La plaisanterie sur les rillettes et puis… silence radio, noir antenne... et le réveil.
Important : Tout de suite mettre le cerveau en mode éco. Ne pas chercher à savoir, se concentrer sur l’instant présent. Ce qui est fait ne peut pas être défait, et ce qui arrive doit arriver. Lâcher prise. Faire confiance, se dire qu’on est entre de bonnes mains : l’astronaute est dans sa cabine ; il sait ce qu’il a à faire (pas grand chose, en fait) ; Houston s’occupe de tout…
Une belle pensée qui m’a soutenu : « Décide de vouloir ce qui arrive comme cela arrive et tu seras heureux. » (Epictète, autre stoïcien, merci à toi).
J’ai 100 ans
Tout s’est bien passé (puisque je suis là pour en parler...). Et pourtant, une opération est un choc, une violence. Le corps réagit. Il se défend, s’affole, des alarmes sonnent partout, il se désorganise, cherche son équilibre...
Au réveil, c’est vérification des paramètres toutes les demi-heures, y compris la nuit. Je suis branché et perfusé de partout. 8-6 de tension. Et de toute façon dans l’incapacité de bouger. J’ai 100 ans.
L’anesthésie étant profonde et longue, les organes se réveillent un par un, pas au même rythme, complètement désaccordés. S’ils parlaient, ils diraient : « Mais qu’est-ce qu’on m’a fait ? Qu’est-ce qui m’arrive ? Où suis-je ? Où sont les autres ? »
Je rajeunis
J+1 : Une demi-heure de fauteuil, et retour au dodo. Mon « univers » ne va même pas jusqu’à la salle de bain. J'ai 95 ans.
Les jours suivants, tout se stabilise, progressivement. Je rajeunis, en quelque sorte. L’avantage d’une bonne condition physique au départ ?
A chaque jour suffit sa peine, et chaque progrès est une victoire qui appelle la suivante. Ne jamais gamberger sur ce qu’on ne maîtrise pas. Ne pas penser au lendemain. (Stoïcisme encore...)
J+2 : Premier repas « normal » (… en milieu hospitalier, entendons-nous bien !). Premiers pas dans le couloir, avec le soutien du kiné, et tous les tuyaux qui me suivent avec leurs portiques et leurs roulettes : première sortie extra-véhiculaire de l'astronaute ! 10 minutes / 10 mètres. Je suis essoufflé. Retour dans la capsule.
J+3 : Premières visites. Mon univers s‘agrandit. Il y a quelque chose derrière la porte : des couloirs, d’autres fenêtres. Une machine à respirer m’aide à redéployer les poumons.… Respiration un peu plus facile.
J+5 : Aujourd’hui je suis débranché, donc autonome. Je me balade seul dans les couloirs. J’ai marché 50 mètres. j'ai 90 ans...
J+6 : Fin des soins intensifs et début de la convalescence. Je quitte la clinique pour le centre de rééducation de Bois-Gibert, ou je vais passer les 3 prochaines semaines.
25 jours au au paradis
Je suis comme l’astronaute qui revient d’une longue mission, le corps tout chamboulé, la démarche mal assurée, vite essoufflé.
Comme lui, je dois passer par une phase de réadaptation à la vie terrestre...
Je viens d’arriver à Bois-Gibert. Je vais y passer les 3 ou 4 prochaines semaines, en internat, avec un seul objectif : réapprivoiser mon corps, reconstruire ma maison intérieure, reconstituer les muscles, me réadapter à l’effort.
J’ai un peu honte de le dire, mais même dans ces circonstances particulières (euphémisme...) je garde un excellent souvenir de mon séjour à Bois-Gibert : j’ai été écouté, suivi, cajolé. Je me suis reposé, j’ai dormi comme un bébé. Je me suis, littéralement et physiquement, refait. Presqu’un centre de vacances...
L’équipe de soin est formidable : infirmiers/ères, aides-soignant(e)s, kinés, médecins, diététiciennes, etc... tout le monde est à l’écoute. Ici, le mot d’ordre c’est : Le patient est une personne, pas une maladie. Il est l’acteur principal de sa santé (de sa remise en forme en l’occurrence). Ça change ...
Surprise : à l’arrivée on me pèse. J’ai pris 8 kg !!! Ce n’est quand même pas avec la bouffe de la clinique ? Je me regarde dans la glace et je comprends : Je ressemble à une bouteille d’Orangina (me secouez pas...). C’est l’Œdème. Rétention d’eau si vous préférez. Un effet secondaire d’un cœur poussif encore sous le choc de l’opération.
Après une série d’examens et d'entretiens, un programme personnalisé de réadaptation à l’effort est mis en place : Kiné respiratoire, gymnastique, marche, ...
Et, devinez quoi, du VELO !!! Moins de 2 semaines après l’opération, je vais remonter sur un vélo. Que c’est bon ! (F.... le cardiologue !)
Et ça marche. Je reprends confiance, la peur s'efface. Les médecins m’ont instruit sur les limites à ne pas dépasser, comment s’entraîner, ce qu’il faut éviter, etc...
Mais après les exercices, je suis encore très fatigué. L’après-midi, c’est grande sieste. Et je dors comme un bébé toute la nuit.
Après un nouveau test d’effort, mon programme est réajusté. On me donne de nouveaux paramètres d’entraînement. Je progresse de jour en jour. Je suis revenu à 70% de mes capacités. J'ai 80 ans...
L’astronaute est rentré sur terre
20 août 2021
Je rentre à la maison.
A la lecture des compte-rendus d'opération et résultats d’examens, je comprends qu’il n’y a pas eu de dégâts irréversibles. Mon cœur fonctionne normalement. L’opération est un succès, la rééducation aussi.
Pourtant, je suis encore très loin d’avoir retrouvé les sensations « d’avant ». Je me fatigue vite. Des douleurs fugaces se baladent un peu partout. Il n’y a pas de miracle : Le chemin est encore long, et je ne sais pas ce qu’il y aura au bout.
Faisons les comptes : J'avais 95 ans au réveil. J’ai rajeuni de 15 ans. Il m’en reste donc encore 18 à rattraper pour retrouver mon âge d’avant !
Il faut encore « serrer les boulons » : résorber ces douleurs dorsales et thoraciques, cajoler ma belle couture pour qu'elle m'oublie, modifier (un peu) mes habitudes alimentaires, augmenter graduellement l'activité physique, retrouver le souffle et les muscles que j'ai perdus.
J’y suis bien décidé. J'ai tout mon temps.
Le plus dur est passé. J'ai traversé cette épreuve aussi sereinement que possible. J'aurais dû être angoissé, douter du résultat, gamberger, craindre la mort, perdre le sommeil, en vouloir à la terre entière, etc... Et ça n'a pas été le cas.
Je me suis réellement mis dans la peau d'un aventurier, qui avance au jour le jour, ne s'occupe que du présent, des problèmes immédiats qu'il peut résoudre, ne se lamente pas sur ce qui ne dépend pas de lui, et oublie le reste...
Un conseil : si quelque chose comme ça vous arrive, potassez le stoïcisme, ça vaut la peine...
Automne / Hiver 2022
Cette aventure a précipité la fin de ma vie professionnelle. Les congés s’accumulant, et le moment de la retraite approchant, je n’ai pas repris le travail. J’aimais bien mon job, l’ambiance, les collègues, tout ça... Je ne m'ennuyais pas, mais je n’ai aucun regret. La page est tournée, il faut passer à autre chose.
Béatrice est encore en activité pour 6 mois. Ma nouvelle vie s’organise : sorties vélo régulières, gymnastique, photo, promenades quotidiennes, s’occuper de nos petits-enfants, etc...
Récupérer, ralentir...
Et surtout : préparer le voyage !
J'ai revu le cardiologue en octobre 2021, toujours aussi fin psychologue : « Faites du vélo mais ne montez pas de cols. De toute façon vous ne pédalerez plus comme à vos 20 ans ». Et alors ? Des cols je n'en ai jamais monté. Je ne suis pas idiot ! tout ce que je veux c'est pédaler comme il y a 2 ans.
22 mars 2022
Nouveau test d’effort : Il est négatif. (... pour la médecine, donc positif de mon point de vue !)
Les voyants sont au vert, on peut de nouveau voyager.
Au fait : Le moteur électrique, je l'ai enlevé...
Je suis fin bien comme disent nos amis franc-comtois ! (qui se reconnaîtront...)
Désolé pour cet article un peu lourd, mais il fallait que je raconte. C'est fait. La page est tournée.
OUF !
... Pour l'instant mon compteur semble être bloqué aux alentours de 70. Mais ça suffit largement à mon bonheur !
RépondreSupprimerJe voulais dire : il me reste 8 ans à remonter pour retrouver mon âge réel !!!
RépondreSupprimerCool ^^ grand part d'Asie vous attend :D
RépondreSupprimerOn s'est vu hier, je n'avais pas lu ta dernière chronique, ni celle que tu reprends de ton périple en 2021...bien sûr nous savions, nous avions appris la nouvelle un soir après avoir monté la tente sur l'euroveloroute qui nous guidait vers la Méditerranée. Je n'avais pas dormi de la nuit !
RépondreSupprimerEt dans deux jours, jeudi, malgré les contraintes qui nous empêchent de faire les cinquante premiers kilomètres avec vous, nous vous accompagnerons en pensée, bon vent !
Polbec
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