05 - Amarres larguées !

Notre ami Jacques a été inspiré par le verbe bouiner...

28 Avril

A l'instant de partir

Sentiments mélangés :

Mais pourquoi voyager ?

S'escamoter, fuir

Visiter, rencontrer ?

Mais aussi les quitter

Ceux qu'on aime, les amis;

Avancer, c'est la vie

Comité de départ

Projet réfléchi, peaufiné depuis des mois. On se regarde. Il n'est plus possible de reculer. Au bout du plongeoir, un pas en avant...

Le compte à rebours est terminé. Tout est fin prêt. Le moment du départ est arrivé.

Mamie Béatrice explique à notre petite fille Abigaëlle (3 ans et demi) que nous partons pour un grand et long voyage. Réponse : " Mamie n'oublie pas de faire pipi avant de partir "...

Nous ne sommes pas seuls. Des amis et des cyclistes sont venus nous saluer une dernière fois, et rouler un petit bout de chemin avec nous.

Nos montures chargées sont poussées hors du garage. Le moment est solennel. Fusées qu'on roule lentement sur le pas de tir... (c'est pour l'image)

On fait les fiers sur nos vélos propres, ficelés, minutieusement préparés.

Il y a quelques jours on a fait un petit galop d'essai pour être sûr que tout tient en place, que tout est au point. Nous avons testé quelques côtes avec les vélos lestés, pour vérifier que rien ne craque, que la mécanique reste fluide sous la charge. Il ne faudrait pas risquer un faux départ devant tout le monde ! La honte...

D'habitude, nos départs sont discrets. Nous disparaissons dans notre monde parallèle dès la première minute. Cette fois, le rituel de passage est différent. Nos gentils accompagnateurs feront la transition plus douce, mais peut-être pas plus facile. On verra...

Nous quittons la maison, mécaniquement, tout entiers dans l'action, en pilote automatique. Pas le temps de penser. Nous bavardons comme si c'était la plus ordinaire des sorties. La boule au ventre du vrai départ viendra plus tard.

Merci Nathalie et Daniel, merci Claudie, Patrice, Agnès, Marie-Pierre, Marie-Jo, Arlette, du Club Cyclo Loisirs Le Mans. On se retrouve à l'arrivée en septembre ?

Merci Jean-Louis pour les photos !

Les amarres sont larguées... Vraiment ?

Amarres larguées, c'est une façon de parler...

On nous prend (on se prend ?) pour des aventuriers, mais nous savons qu'il n'en est rien - ou si peu ! Des cyclovoyageurs qui larguent vraiment tout et partent sans date de retour, il y en a. Avant de partir, ils vendent maison, meubles, voiture, et certains vont jusqu'à fermer leur compte en banque. Nous n'en sommes pas là.

Nous, nous gardons nos fils a la patte : téléphone, internet, GPS... et surtout la carte de crédit. Et les pays que nous allons traverser sont sûrs et culturellement proche. Nous n'avons à craindre que la météo, et peut-être les moustiques.

Première étape : Mamers (Sarthe), petite cité célèbre depuis que France Inter est venu y faire un reportage sur le pouvoir d'achat, avant les élections ... Nous y restons toute une journée, histoire de voir des amis, dire au revoir à nos parents.

Partis de chez nous mais pas encore dans le voyage... Cet entre-deux bizarre convoque des sentiments mélangés. Une partie du cerveau veut se concentrer sur le voyage tandis que l'autre se laisse envahir par la culpabilité : laisser amis, parents, enfants, petits-enfants si longtemps... Se dire qu'on ne les verra pas pendant 5 mois. Tous les bons moments qu'on va rater, l'aide qu'on ne pourra pas apporter...

Nous savons que notre projet est égoïste et nous croyons l'assumer, mais les liens affectifs on ne les coupe pas comme ça...

Partir c'est mourir un peu, dit le poète.
Rester c'est mourir beaucoup, ajoute l'humoriste (Alphonse Allais)

Et pour finir, Coluche : Partir, c'est crever un pneu.

Alors on y va.

Les souvenirs valent mieux que les regrets.