Vertes prairies, haies lilas
Première semaine. Nous alternons les vraies journées de vélo et les escales prolongées chez les amis jalonnant notre itinéraire. C'est deux voyages en un. Le bucolique et le convivial.
J'y reviendrai. Pour l'instant parlons du pays.
72 61 28 78 75 77 60. Ce ne sont pas les chiffres du loto, ce sont les départements traversés cette semaine.
Perche et Beauce
Samedi 30 avril. Le vrai début. Traversée du parc régional du Perche, puis de la Beauce.
Pour commencer, nous nous perdons dans les bois de Lonné, près d'Igé, dans l'Orne.
Igé, c'est la où habitait ma grand-mère. Je me souviens des promenades dans l'allée du château de Lonné, alors je l'ai mise dans notre itinéraire. Pas de chance : au bout de 2 km, le chemin est barré. Propriété privée, caméras de surveillance et tout. Les temps ont bien changé...
Dans ces cas-là, le plus raisonnable est de faire demi-tour et prendre une autre route. Mais, vous le savez, l'escargot ne recule jamais ! Alors je m'obstine. Il y a un chemin qui part sur la gauche. Allons-y. Le chemin forestier, bien marqué au départ, devient de plus en plus broussailleux, et finit par disparaître. La petite flèche sur le GPS gigote toute seule sur un écran vide. Nous tombons finalement sur une autre allée bien marquée. Je la prends dans la direction qui semble la meilleure. 100 mètres plus loin : propriété privée ! Rebelote... Il nous aura fallu pas moins d'1 heure pour retrouver notre trace. Au carrefour suivant un panneau : " Igé 4 km ". Heureusement on n'est pas pressés. Et c'était beau !
Le Perche, c'est des collines, des pâturages, des forêts, des chevaux (percherons), des manoirs, des petites routes désertes... avec parfois des dénivelés de folie. çà ne dure jamais longtemps, mais suffisamment pour mettre pied à terre. Du moins en ce qui me concerne, car je dois veiller à ne pas faire trop chauffer le moteur. Béatrice, elle, grignote les kilomètres et les pourcentages sans broncher, en toute petite vitesse.
L'ambiance bucolique et la sérénité qui vient avec la régularité du pédalage font oublier la rudesse du parcours. Les jambes pédalent mais l'esprit vagabonde. Il se repose à l'écart du monde de la vitesse et de l'efficacité...
Le soleil printanier fait étinceler le vert des prairies, mais le vent du nord est sec et encore un peu hivernal. " Goutte froide " disent les météorologistes. Pour s'arrêter, chercher un coin ensoleillé et à l'abri...
À Thiron-Gardais, à l'autre extrèmité du parc, il n'est que 16h30 et nous avons roulé 65 km. Un peu tôt pour s'arrêter. Surtout que demain, il nous en reste 40 pour arriver chez nos amis à Lèves (banlieue de Chartres). C'est trop si nous voulons y être à midi ... à moins de lever le camp à 8h du matin ! Pas d'violence, c'est les vacances...
Nous décidons donc de pousser jusqu'à Courville-sur-Eure, 25 km plus loin.
Peu après Thiron-Gardais, les collines vertes font place aux immenses champs beaucerons. Le bleu du ciel répond au jaune des champs de colza en fleur. L'horizon s'élargit, on aperçoit bientôt les tours de la cathédrale de Chartres.
Mais attention : la Beauce, ce n'est pas plat ! En voiture on ne s'en rend pas compte, mais à vélo - surtout bien chargé - la moindre déclivité se remarque. Et si le faux-plat est descendant, le vent de face se charge d'en annuler le bénéfice !
19h30. Arrêt au camping municipal de Courville, le genre que nous préférons. En ce début de saison nous sommes presque seuls. 6,54 € pour la nuit - admirez la précision ! On s'est assurés qu'il n'y avait pas erreur...
Au camping, on retrouve instantanément le protocole bien rodé de nos voyages précédents : montage de la tente, installation des couchages, douches, cuisson des pâtes... Chacun sait ce qu'il a à faire.
Pistes cyclables à la chipote
Aprés Chartres, nous empruntons la Véloscénie, itinéraire connu qui relie Paris au Mont-Saint-Michel. On s'attend à la mise en scène de paysages magnifiques et de lieux chargés d'histoire. D'autant que nous démarrons à l'ouest de Chartres, par la vallée de l'Eure.
A peine 2 km et c'est fini : la belle piste ombragée au bord de l'eau devient une " voie partagée ". Voie partagée, c'est le terme politiquement correct pour dire qu'on va se contenter de quelques panneaux de temps en temps. Ça ne coûte pas cher et surtout ça ne dérange pas les automobilistes.
Mais le pire est à venir...
A la sortie de Rambouillet, une soi-disant piste cyclable non matérialisée, signalée par un panneau rond (donc obligatoire), à contre sens sur la bande d'arrêt d'urgence de la voie rapide. Oh il y a bien un petit muret en béton, mais tellement pourri qu'il volerait en morceau si un camion le touchait. À la ville suivante, nous prenons la tangente... Détour magnifique par la vallée de l'Yvette, avant d'arriver à notre étape de ce soir.
Pour faire une piste cyclable française :
- Achetez un pinceau et un pot de peinture blanche
- Dessinez des petits vélos, de préférence sur les trottoirs, pour ne pas gêner les automobiles.
- Dans les ronds-points ou les carrefours dangereux, ne faites rien. Ils se débrouilleront
- Dans le bulletin municipal, faites un joli article pour dire que vous êtes le maire d'une ville verte.
Soirée étape Italienne
Petite bière Moretti pour accompagner la pizza... Et bonne nuit !
Le lendemain au petit déjeuner, nous faisons la connaissance de Simone, Luxembourgeoise en déplacement professionnel. La discussion s'engage, le courant passe... Nous sommes invités à boire le café quand on passera au Luxembourg, dans quelques mois !
C'est la magie du voyage...
" Dans Paris à vélo on dépasse les autos "
(Joe Dassin - la complainte de l'heure de pointe - 1972)
1972... Et oui, même avant le premier choc pétrolier on connaissait la solution. Qu'est-ce qu'on attend ?
Nous étions un peu intimidés par la traversée de Paris en vélos couchés. Même bien habitués, on est moins agile qu'en vélo droit.
Finalement, ce fut facile. Bertrand, chez qui nous avions fait étape la veille, nous a expliqué la route à suivre. (Merci à lui !)
Pour entrer dans Paris, mettre le cap sur le pont de Sèvres (tout en descente depuis Versailles). Puis suivre les voies sur berges, désormais cyclables. La sortie vers le nord se fait par l'EV 3, le long du canal de l'Ourcq. Donc très agréable. Vous étes dans une sorte de coulée verte. Les banlieues, de chaque côté, restent invisibles.
En fait, les automobilistes parisiens sont plutôt tolérants, surtout face à nos engins bizarres. Les traversées de Rambouillet ou Compiègne nous ont semblé autrement plus dangereuses.
Vendredi 6/5, journée de repos à Lachelle près de Compiègne. Lessive, rangement des affaires, blog, petits réglages sur les vélos... Bref : on BOUINE !
Récapitulons :
- Jeudi 28/4 : Le Mans - Mamers - 53 km
- Vendredi 29/4 : Mamers - Les Aulneaux - Mamers - 25 km
- Samedi 30/4 : Mamers - Courville-sur-Eure - 90 Km
- Dimanche 1/5 : Courville-sur-Eure - Lèves - 25 km
- Lundi 2/5 : Lèves - Coignières - 77 km
- Mardi 3/5 : Coignières - Versailles - 25 km
- Mercredi 4/5 : Traversée de Paris - 56 km
- Jeudi 5/5 : Claye-Souilly - Compiègne -75 km
- Vendredi 6/5 : repos à Lachelle (Compiègne)
De la douceur, des péripéties, des héros…. Allez, l’ensemble du schéma narratif y est ! Merci Alain ! C’est boooon !
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RépondreSupprimerAvec la météo qui s'annonce, vous avez bien fait de partir vers le Nord, dit Marie Anne. Nous on reste jaloux et complétement à l'Ouest !
RépondreSupprimerBonne route à vous deux. De mon côté je suis à nouveau en Laponie. Cap Nord par la Suède cette fois. Comme le Ventoux, 3 montée. La prochaine par le Finlande.
RépondreSupprimerBe safe
Phil
Bonjour Philippe ! Content d'avoir de tes nouvelles. Cette fois nos routes ne se croiseront pas, mais nos pensées si ! Bonjour à Rosy...
Supprimer"Quand on n'aime, il faut pars partir"
RépondreSupprimerC'est un vers que j'ai lu quelque part,
Bon vent
Sylvie
Bonjour Sylvie,
SupprimerBlaise Cendrars, dans une chanson de Bernard Lavilliers ...
Nous on pédale en fauteuil... Chacun son truc !
RépondreSupprimerPour ce qui est des pistes cyclables, changement de décor : on est maintenant au "paradis" : La Hollande.