13 - Chemins de patience


Séraphine, Roul'tabille,
Posés sur leur béquille,
Immobiles, à l'abri,
Loin là-bas, ils s'ennuient.

Eux s'ennuient, nous aussi.
Dépités, en sursis,
Repartir nous voulons.
Oui mais quand ? Nous n'savons.

Refuser la routine,
Pédaler, s'occuper,
Éloigner la déprime,
Et rester affutés !

Au garage, le plan B :
Deux vélos délaissés,
Une tente, deux duvets,
Nous voilà remontés.

Les pieds sur les pédales,
A vélo nous irons,
Faute de mieux, faire des ronds
Autour de l'hôpital.

Vendredi 10/06/2022

Ma maman n'est plus dans le coma. Elle soufre d'une fracture de l'humérus, d'une fracture des cervicales et d'un hématome au cerveau. L'hématome est semble-t-il sans conséquences. Elle n'a pas perdu l'usage de ses membres. Elle est consciente, quoiqu'un peu confuse. 

Rien d'irréparable, donc.

Elle est pour le moment à l'hôpital, et il faut s'attendre à un long séjour en rééducation. La suite ? on ne la connait pas.

Puisqu'il faut attendre...


Nous entrons dans une période d'attente, un peu dépités, un peu en colère de voir nos projets contrariés.

Cette colère, nous allons la convertir en patience, et cette patience en énergie...

Energie pour recharger nos batteries. Car, il faut bien le dire, après ce premier mois de pérégrinations (trop ?) rythmé, nous avions besoin de repos.

Energie pour ne pas capituler, ne pas changer nos priorités, rester fermes.

Energie pour rester dans la dynamique du voyage. Repousser les routines du quotidien, qui rôdent autour de nous et s'insinuent, sournoises. Un petit diable qui ne fait plus rire : " ah, ah, on fait moins les malins, je l'avais bien dit ! "

Puisqu'il faut attendre, nous allons rééquiper deux vélos et partir quelques jours vers Saint-Léonard-des-Bois. Pas trop loin de l'hôpital, de quoi revenir en urgence dans la journée s'il le faut...

Et des petites sorties comme ça, on va en faire d'autres. Ne surtout pas rester à la maison. " Le canapé est l'endroit le plus dangereux de la maison ", disait un cycliste longue-distance, de passage chez nous un jour d'octobre...

Bien sûr, on a fait une croix sur l'Islande. Le bateau est annulé. Nos 2 places en dortoir sont sans doute déjà revendues...

L'Islande, ce sera pour plus tard. Ou pas. Je l'ai souvent dit : le voyage compte autant que la destination. Avantage : plus de date de bateau, plus de contrainte de temps...

Nous savons que vélos et bagages nous attendent, bien à l'abri, à la frontière du Danemark, derrière les voitures de collection de Reiner.

Nous pensons à la suite : les retrouvailles à Sylt, les longues journées de pédalage, à regarder les paysages, les gens, la vie... Les bières le soir après l'effort, les nuits bien au sec tandis qu'il pleut sur la tente, les apfelküchen à la crème, les campings le long des rivières, les belles pistes cyclables, les courriers dans la besace, les amis au retour...

J'ai refait notre " plan de vol " : Si nous repartions au plus tard le 20 juillet, nous pourrions encore reprendre notre itinéraire en passant par le nord du Danemark. C'est pour le moment notre objectif.

Et puis... On passerait pas très loin d'Hirtshals, d'où nous devions embarquer le 14 juin. On ne sait jamais. Si une occasion se présente...

Prochain épisode : " 14 - On the road again "

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