28 - Weser, Fulda, Eder

 

Pays des allemands,
Paysages apaisants.
Weser, Fulda, Eder,
Sont les noms des rivières.
Rubans lisses sous nos roues,
Sont les routes à vélos

Et le soir à l'étape,
Sous la tente, c'est chez nous..
Se délasser les pattes,
Quelques trucs à bouiner,
Sur le Web naviguer,
Et puis zou ! Au dodo.

S'endormir fatigués :
Voilà toutes nos journées.


La rivière Fulda

Libres !

L'annulation du trajet islandais a eu un effet très positif : nous n'avons plus aucune contraintes de dates, ou alors si lointaines qu'on les oublie.

Plus rien ne presse...

Nous n'avons plus la préoccupation d'être à l'endroit prévu à la date prévue. Nous sommes véritablement libres de nous arrêter plusieurs jours, de changer de route, de discuter, de s'attarder. Plus besoin de calculer pour savoir si on prend de l'avance ou du retard. Ne plus ressentir la pression du temps, ralentir, lâcher prise...

Ce qui était surtout une posture intellectuelle au départ devient petit à petit notre réalité. Nous le ressentons, nous l'expérimentons dans nos gestes, dans nos décisions quotidiennes. 

C'est un nouveau voyage, différent bien que traversant le même espace.

Il a fallu du temps pour trouver ce nouveau rythme. Car c'est plus facile à dire qu'à faire : Ralentir, se débarrasser de nos réflexes conditionnés, c'est un petit combat de tous les jours. Et il faut être vigilants, ça peut revenir !

Aux personnes qui nous demandent " Où allez-vous aujourd'hui ? " Nous répondons " On ne sait pas encore. On verra bien... ". Nous sourions devant leur mine ébahie, c'est trop bon...

Sylvain Tesson dit : " L'homme libre maîtrise le temps. L'homme qui maîtrise l'espace est simplement puissant. "

Plus simple la vie

Le bonheur du voyageur se nourrit du sentiment de liberté, mais aussi de simplicité. Sa vie se réduit à quelques routines bien rodées. Tout le reste, tout l'imprévu, c'est autant de joies et de petits bonheurs qui surgissent quand on n'attend rien.

Plus la vie est simple , plus ces bonheurs apparaissent. On dirait qu'ils remontent à la surface. Ils n'étaient qu'enfouis...

Alain (décidément...) : " Le bonheur est une récompense qui vient à ceux qui ne l'ont pas cherchée. "

Pédaler c'est apprécier  !

Venir quelque part à la force des mollets - même un spot touristique - quand le gros du troupeau y vient en voiture ou en camping-car, c'est jouissif !

Avoir fait l'effort, c'est ce qui donne du goût à la visite... On se dit au fond de soi qu'on l'a mérité. Cette saveur-là, on ne l'achète pas avec une carte de crédit.

Et le soir, s'endormir fatigués, d'une bonne fatigue. Sentir ses jambes décontractées, qui digèrent le travail de la journée. Bonheur...

Mais assez philosophé, reprenons le fil...

Mardi 23/8

La rivière Weser coule dans une large vallée à fond plat, bordée de chaque côté de collines boisées, plus ou moins hautes, plus ou moins rapprochées. Les arbres, au loin, prennent déjà les couleurs de l'automne. L'été fût si sec...

Vallée à fond plat, cela veut dire : pas de dénivelé tant qu'on ne va pas sur les côtés, juste des petits raidillons de temps en temps. Le bonheur des cyclistes, donc... Même le léger vent contraire, pour une fois, fait notre bonheur : il atténue la chaleur intense qui s'installe ici aussi.

La véloroute de la Weser est assez fréquentée : beaucoup de couples de retraités, quelques familles aussi. Dans l'ensemble des vélos peu chargés, ce qui veut dire sorties à la journée, étapes à l'hôtel ou camping-car garé quelque part. 

Ce qui frappe aussi, c'est la proportion de vélos électriques : au moins 80%, d'après notre comptage non homologué. Et ce ne sont pas des crottes made in china... Que des marques allemandes ou hollandaises !

Malheureusement, la sécheresse qui sévit m'empêche de dire " jolie vallée verdoyante ". Pour les couleurs, on est plus souvent dans les tons savane africaine. Le romantisme en prend un coup.

La rivière est exceptionnellement basse, au point que les navigations touristiques sont interrompues. Même les bacs ne prennent qu'une voiture à la fois, pour pouvoir rester à flot.

Les berges à découvert semblent faire le bonheur des oiseaux : beaucoup d'oies, des hérons gris aussi, beaucoup moins farouches que chez nous.

Ouettes d'Égypte (?)

Camping de Beveringen, camping comme on les aime....

Nous avons eu du mal à trouver notre camping de ce soir. Nous voulions éviter les concentrations de camping-cars qu'on trouve le plus souvent près des villes.

En voilà un qui semble un peu plus tranquille : Axelzee. C'est pas très loin. Je pianote quand même la destination sur le Garmin. Hélas, le facétieux appareil nous envoie dans des sentiers abandonnés, avec passerelles écroulées sur des ruisseaux heureusement à sec. Il a fallu débâter Seraph' et Rouletab' au dernier moment. 

Arrivée au camping, réception fermée. Clients et patronne du biergarten local se mettent en quatre pour nous dépatouiller et officialiser notre arrivée. Non, les allemands ne parlent pas tous anglais...

Un camping comme on les aime : chaleureux, avec des caravanes fossilisées et inoccupées pour la plupart, et surtout un grand champ presque pour nous tout seuls... Ça mérite bien une petite bière...

Mercredi 24/8

Göttingen... La chanson de Barbara...

C'est à 60 km d'ici. Nous voulons y aller.

Pourquoi ?

Ce n'est pas pour la chanson. Ce n'est pas non plus pour le tourisme.

Non. C'est beaucoup plus matérialiste : on en a marre d'être assis par terre, on veut des CHAISES ! Mais attention : pas n'importe quelles chaises, des ultra-légères et ultra-compactes, qu'on ne sentira pas dans nos sacoches. Après intenses recherches sur Internet, nous les avons dénichées : des Helinox modèle zéro, 490 g.

Problème : où et comment les acheter quand on est en voyage ? 

Nous repèrons un magasin de la chaîne Unterwegs, qui pourrait les avoir. Et il est où ce magasin ? À Göttingen, évidemment !

Mais plutôt que d'y consacrer deux jours de vélo, nous décidons de faire l'aller-retour en train. Nos billets à 9 € sont toujours valables ! Autre avantage : on sera au même camping ce soir, donc pas besoin de tout replier... Et journée de repos pour Séraphine et Rouletabille.

Le magasin Unterwegs, c'est un peu " le vieux campeur " de Paris, en beaucoup plus petit. Nous demandons les chaises tant convoitées. Elles n'y sont pas. La vendeuse peut évidemment les commander, mais nous lui expliquons que nous sommes de passage. Très serviable, et surtout très patiente, elle propose de les envoyer à une adresse de notre choix. Nous réservons vite fait un hôtel, à une distance suffisante pour être sûr que le colis arrive avant nous. Elle appelle l'hôtel et fait le nécessaire. Merci Unterwegs !

Notre affaire étant réglée, on a largement le temps d'une petite visite avant de reprendre le train.

Göttingen est une ville moyenne allemande, c'est à dire universitaire, commerçante, animée, avec plein de jolies vieilles maison. Mais sans Barbara, elle ne serait pas particulièrement connue en France.

A quoi on reconnaît une ville universitaire ?


La fontaine. La tradition veut que les doctorants 
viennent l'embrasser quand ils sont reçus.






L'église Luthérienne St Jacobi, Göttingen

Jeudi 25/8

Nous poursuivons la remontée de la Weser. À Hannoversch Münden, la Werra et la Fulda se rejoignent pour former la Weser.

Une jolie petite ville, dont Rosy nous avait recommandé la visite.



Nous suivons maintenant la Fulda. L'itinéraire est moins fréquenté, et tout aussi joli. La vallée est plus encaissée, et nous sommes bien content de ne pas avoir à passer par dessus tout ça pour changer de vallée.

La rivière Fulda

Le choc de Kassel

La véloroute de la Fulda traverse Kassel, ville dont le nom sonne comme un château romantique...

Mais cette fois le charme n'opère pas. Pas de vieilles maisons à colombage. Il y en a sûrement mais pas la où nous sommes. 

Le quartier où nous sommes arrêtés pour faire nos courses sent l'ennui, la vie monotone, la précarité. Des regards appuyés sont sur nous. Nous sommes deux extra-terrestres, tout à leur bonheur égoïste, tandis qu'ici on trime ou on trafique pour joindre les deux bouts.

Mais ne soyons pas injuste. Cela n'a rien à voir avec la ville de Kassel. Cette sensation, nous pourrions l'éprouver dans n'importe quelle banlieue française.

Toute notre vie, nous tissons autour de nous un cocon à notre image. Nous ignorons, ou nous rejetons, même inconsciemment, ce qui ne nous ressemble pas. La bulle cognitive, comme on dit. 

La vertu du voyage, c'est de nous pousser dehors. Et ça peut faire un choc.

Leçon : Se garder de trop idéaliser. Le monde est comme il est, et non comme nous le voulons.

Ce soir, nous retournons dans notre bulle... Petit camping loin de la ville, hors du monde et hors du temps. Certainement le plus miteux du voyage, jusqu'à présent. Mais on s'y sent bien. Et il y a un prunier surchargé de quetsches bien mûres. On va le délester un peu...

Bisou...

Les aquarelles de Béatrice

Allemagne - La Weser à Bodenfelde

Allemagne - Neustadt (Hessen)

Allemagne - Neustadt (Hessen) - Séraphine et Rouletabille

Allemagne - Arbre au bord de la Lahn


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Commentaires

  1. Que ce passe t'il pas assez de photos au point de mettre deux fois la rivière Fulda ?? 😉 rien ne va plus .... ceci dit merci pour ces photos .... Polbec

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  2. Toujours intéressant mais le sommeil m'emporte. A plus tard!

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  3. Encore une belle page ....merci merci...j'ai bien aimé la partie philosophale ....photos toujours superbes et le texte "on est dedans" parfait .
    Prenez votre temps nous on se régale à vous lire , belle grande route ....
    Bisous

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  4. Toujours un réel plaisir de te lire, de vous suivre, et où Béa trouve-t'elle le temps et l'énergie pour nous livrer encore et toujours ses belles aquarelles ? Et bien calée dans un Hélinox modèle Zéro, ça va déchirer grave !
    Jacques 70

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