Séraphine et Rouletab' : décrassés, révisés !
Vidées sont les sacoches, rangés tente et duvets,
Nettoyées casseroles et gamelles et bidons.
Les cyclistes déjà rêvent d'un futur horizon.
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Comme toujours, au retour d'un voyage, nous remettons le plus vite possible nos affaires en ordre de marche, prêtes à repartir. Un artifice de plus, pour rester encore un peu dans la bulle voyageuse...
Le moment aussi d'un regard en arrière...
Alors en attendant la suite, voici les grands traits de ce qui ne fut pas une aventure, encore moins un exploit sportif.
Faits et chiffres
- 5 300 : les kilomètres parcourus à vélo
- 5 670 : Les kilomètres au total (y compris trains et ferries)
- 99 jours : La durée du voyage (dont 81 jours " pédalés ")
- 71 : Les nuits en camping
- 65 km : La distance moyenne journalière, par jour pédalé.
- 9,5 km/h : La vitesse moyenne, par jour pédalé, pauses comprises
- 0 km : L'étape la plus courte. Ben oui, on ne roule pas tous les jours !
- 100 km : L'étape la plus longue
- 275 m : Le dénivelé positif journalier, en moyenne.
- 1 : Le nombre de crevaisons. Et encore, c'est de ma faute : j'ai pincé une chambre quand on a changé les pneus à Hambourg sur le trottoir.
- 3 : Les câbles de dérailleurs changés sur Séraphine. Pas normal. En principe çà ne casse qu'une fois par siècle. Y'a un truc...
- 1,5 litres de super : La consommation totale de notre réchaud Primus.
- 50 kg : Le poids total de Rouletabille chargé.
- 35 kg : Idem pour Séraphine.
- 16 km/h : La vitesse moyenne en déplacement de Rouletabille
- 560 000 : Le nombre de tours de pédale de Rouletabille (environ)
3 semaines ou 3 mois, c'est presque pareil
Jusqu'à présent, nos voyages n'excédaient guère 3 semaines. Et oui... le lundi suivant, il fallait être au boulot !
Mais ça, c'est fini. Cette limite temporelle a sauté : nous pourrons maintenant partir aussi longtemps que nos finances, notre état de santé et notre contexte familial nous le permettront.
Et on est bien décidés à en profiter.
Qu'est-ce que ça change ? Sur le fond pas grand chose. Quand tout est en place, quand le rythme est pris, le voyage pourrait durer indéfiniment. C'est du moins ce que nous ressentons au jour le jour. Bien sûr, il y a des aléas météorologiques, et des échéances incontournables qui finiraient par nous rattraper... Mais on n'y pense pas.
Le changement le plus marquant, il est dans la tête, à condition de s'y tenir : ne pas avoir de date butoir, ne pas être obligé de prévoir au delà de quelques jours, cela donne un grand sentiment de liberté. Mais c'est une lutte de tous les jours. Si on se laisse aller, bientôt les réflexes hérités de la vie active reprennent le pouvoir. On n'efface pas comme ça tant d'années rythmées par les agendas, les plannings, l'enchaînement continu des choses à faire...
Une place pour chaque chose, chaque chose à sa place
Il est très important que chaque chose soit à sa place. Le contenu de nos sacoches est minutieusement étudié, et toujours rangé de la même façon. Ce n'est pas un TOC, c'est juste que sinon on perd des trucs sans arrêt, on ne sait plus où on a mis quoi et c'est vite énervant.
Les sacoches de Rouletabille :- Dessous gauche : réchaud à essence, vaisselle, vêtements de pluie, chaise pliante
- Dessous droite : toile de tente
- Arrière gauche : duvet, matelas, affaires de rechange
- Arrière droit : trousse de toilette, chaussures, doudoune, bazars électriques, chargeurs, fils, ...
- Sac à dos sur porte-bagages : appareil photo, liseuse, tablette, vêtements divers, eau
- Sacoche sur la bôme : l'équivalent de la boîte à gants
- Sous le cadre : Outils, huile pour la chaîne, rustines, pièces de rechange
- Arrière gauche : Placard à bouffe
- Arrière droit : Tout le reste
- Sac à dos sur porte-bagages : Vêtements de pluie, peintures, carnets de voyage, lunettes, etc...
- Sacoche sur la bôme : l'équivalent de la boîte à gants
Petit diable, on t'avait à l'oeil...
Dans l'ensemble, on ne s'est pas trop trompés pour les bagages. Presque tout a servi. Et ce qui n'a pas servi a été impitoyablement renvoyé au pays...
Les choses qu'on est contents d'avoir emportées
- Les matelas gonflables Therm-a-rest. Confort et isolation assurés, même si le terrain n'est pas uni.
- Notre bonne vieille tente Vaude. Très grande, on peut caser toutes nos affaires dessous. On peut même y faire la cuisine et y manger au sec.
- Les t-shirts en merinos : pas d'odeur de transpiration, vite lavés, vite séchés. On a gardé le même tous les jours.
- Les sandales Shimano à cale SPD : On peut mettre une ou plusieurs paires de chaussettes, ou pédaler pieds nus, ou mettre des chaussettes étanches s'il pleut, etc... Génial ! Perso, au bout de quelques semaines je n'ai plus mis de chaussettes du tout.
- La pompe haute-pression pour les suspensions. J'ai longtemps hésité à emporter ce truc lourd. Mais finalement, il a fallu regonfler plusieurs fois l'amortisseur à air de Rouletabille. La prochaine fois, je lui mettrai son amortisseur à ressort. C'est un peu plus lourd, mais j'économise le poids et l'encombrement de la pompe.
Les choses qu'on est contents d'avoir achetées en route
- Les chaises pliantes Helinox ultra-légères : Pour la détente, et même la sieste le midi ! Qu'on est bêtes de ne pas y avoir pensé plus tôt ! Comme on n'est pas très grands, on peut même s'asseoir sous la tente. Ça fait un peu cabine Apollo mais ça passe...
- Un " sac à viande " en coton fin. Ceux en soie sont désagréables au toucher.
- Des pédales mixtes pour Rouletabille : une face plate et une face à cale SPD. Avec les vélos couchés, les pédales double-face SPD ne sont pas rassurantes en ville, quand il faut rouler très lentement et clipser/déclipser sans arrêt.
- Une bombe de produit dégraissant pour la chaîne. Inconvénient du vélo couché : la chaîne passe dans des tuyaux qui s'encrassent. A la longue, les frottements deviennent importants. Et quand on n'a pas la puissance d'un coureur du Tour de France, chaque watt compte...
Les choses qu'on aurait pu ne pas emporter
- La lampe d'ambiance. Les lampes frontales sont bien plus pratiques.
- la plupart des outils, les pièces de rechange, les rayons de rechange, les courroies, les sangles, les tendeurs
- Les 5 batteries d'appareil photo...
- Les tatanes pour le soir, les chaussures. Les sandales Shimano étaient suffisantes 99% du temps.
Les choses qu'on emportera la prochaine fois :
- Un système simple et peu encombrant pour décrasser régulièrement les tuyaux des chaînes. Ou alors supprimer les tuyaux ? à réfléchir...
- Un stock de câbles de dérailleurs pour Séraphine...
Ça doit être fatigant ?
Nos montures étranges, chargées en plus, excitent la curiosité et alimentent les conversations, surtout en France. Il ne se passe pas une journée sans que nous ne racontions notre histoire...
- Et vous venez d'où ?
- Du Mans. Mais on est passés par le Danemark...
- Danemark ? (Silence ébahi, moue admirative) Et vous avez tout fait en vélo ? ça fait combien de kilomètres ?
- Ça fera 5 300 Km au total
- Et c'est électrique vos vélos ?
- Non. c'est des " Bio-Bike " (en français : moteur Japuy)
- Et bê, faut du courage !
- Pas besoin. On aime ça et on l'a choisi !
- Ça doit pas être très confortable, ces vélos ?
- Au contraire. On est assis, bien calés. On ne ressent aucune douleur. Il n'y a que les jambes qui travaillent. C'est plus dur mais on fatigue moins.
- L'équilibre, ça doit être très différent,
- Oui. il faut réapprendre. Au début on tombe. Après ça va.
Beau métier, mais pas facile
Facteur humain : l'idée est belle mais il faut s'accrocher... et avoir un peu de chance !
Avec nos quelques courriers bien au sec et soigneusement rangés dans la sacoche (arrière gauche, si vous voulez tout savoir), nous sommes partis gonflés à bloc par le charisme de Vincent et l'enthousiasme du débutant.
Hélas, tout ne va pas toujours comme sur des roulettes : Nous avons parfois trouvé porte close... Nous déposons alors la lettre dans la boîte, avec un petit mot... La suite restera pour nous un mystère. Frustrant...
Quand même, après quelques déconvenues, on apprend à insister et à forcer la chance. Et au bout, viennent les belles rencontres...
Pays de bagnoles...
On fantasme beaucoup sur les pays du nord, Danemark en tête, pour leur culture du vélo au quotidien.
La réalité est plus nuancée. Les pays d'Europe du Nord, Allemagne surtout, restent fortement imprégnés par la culture automobile. Le vélo y a sa place, mais à condition de ne pas trop déranger les autos, quand même...
En tout cas, et c'est bien là l'essentiel, les cyclistes (et les piétons) y sont toujours parfaitement respectés, sous condition de réciprocité. Quelle que soit la configuration du lieu, on pédale toujours en sécurité. Même les plus furieux fous de bagnoles passent largement à l'écart ou s'arrêtent si nécessaire. Après, quand ils nous doublent, c'est parfois d'un coup d'accélérateur rageur... Il faut bien un exutoire !
S'il y a égalité pour ce qui est du respect des cyclistes, les réseaux cyclables sont plus ou moins denses et plus ou moins bien organisés, selon les pays. Voici notre palmarès :
- Les Pays-Bas
- Copenhague
- La Belgique
- L'Allemagne
- Le reste du Danemark
- (Loin derrière :) la France
Au lit on dort !
Nous avons dormi majoritairement en camping. Ce qui est une façon de savourer à leur juste valeur les quelques nuits d'hôtel...
Et d'ailleurs, à ce propos, on a beaucoup aimé les hôtels allemands, surtout les petits hôtels familiaux. Les chambres sont toujours très soignées, décorées avec goût... Les prix sont raisonnables. L'accueil est toujours chaleureux... et les petits déjeuners n'ont de petit que le nom !
Les campings Danois sont nettement au dessus du lot : Ultra-propres, cuisine commune équipée (toujours), salle à manger (souvent). Ils sont très chers pour des voyageurs à vélo, mais pas exagérés si l'on considère les équipements.
Un regret, justement : l'aménagement pour les voyageurs à vélos. Il se résume bien souvent à un coin d'herbe, loin des sanitaires. Etonnamment, c'est en France qu'on a trouvé des campings bien pensés pour les voyageurs à vélo : Le Lude, dans la Sarthe, par exemple (comme quoi...)
Mention spéciale aussi pour les Shelters danois. Ils ne sont pas toujours facile à repérer et l'équipement est très aléatoire. Mais lorsqu'ils sont à proximité d'un petit port de plaisance, on a accès aux douches et aux toilettes moyennant une contribution volontaire très modique.
Bienveillance et souci d'autrui
Bien que les pays traversés soient culturellement très proches de la France, on finit par ressentir quelques subtiles différences : la façon dont on est accueillis dans les commerces, par exemple, où l'aide spontanée que l'on reçoit, les conversations autour de nos vélos ...
Nous avons toujours eu affaire à des gens serviables, jamais mesquins, prêts à aider... Tous ces petits détails, ces petites attentions, tout cela mis bout à bout finit par rendre la vie agréable. On reviendra.
On a aimé ...
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On a moins aimé...
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Et Maintenant ?
Le titre de ce blog n'ayant pas changé, nous allons réfléchir à la meilleure façon de mettre le vrai point final à ce voyage, c'est à dire mettre les pieds - ou les roues ? - sur la " Terre Glacée ".
Bonjour
RépondreSupprimerMerci pour vos aventures !
Pour les expéditeurs non rencontrés, soyez patients ! Je n'avais pas vu Isabelle en 2017 (je vous en passe les raisons), je l'ai rencontrée en septembre 22, j'ai même dormi chez elle ...,
Pour la chaîne dans sa gaine, un petit bout de chiffon coincé dans un maillon réussira en une traversée à nettoyer ce tunnel !
Bises à vous deux et à vos montures.
Vincent avec Marie-Anne
Merci pour tous ces bons moments passés à vous lire et à partager vos aventures!!! En tous les cas le dernier post est exhaustif et de qualité très pro comme je t’ai connu 😉 on a hâte de suivre les prochains voyages Gaëtan
RépondreSupprimerMerci pour ce Retex bien fouillé et qui pourrait s'avérer bien utile pour nous autres, bien modestes voyageurs au regard de ce beau voyage que vous nous avez offert. Bon vent à vous ( dans le dos) pour vos futures pérégrinations cyclotouristiques !
RépondreSupprimerJacques de V'zoul