14 - On the road again !!!

- Dis Séraphine ?
- Oui Roul'tabille ?
- Je commence vraiment à m'ennuyer.
- T'inquiète pas, y'en a plus pour très longtemps...
- Comment tu sais ça ?
- C'est Maren qui me l'a dit. Nos pédaleu.rs.ses doivent revenir ici le 20 juillet.
- Euh... de cette année ?
- Bah oui de cette année, gros nigaud !
- Ah chouette ! enfin, on va repartir !
- Tant mieux. Mes pneus sont dégonflés et ma chaîne est poussiéreuse.
- Et moi donc... Et ça fait longtemps qu'on n'a pas vu le soleil.
- Et senti le vent !
- On est bien à l'abri dans ce garage, mais je préférerais être dehors !
- Surtout qu'il doit faire meilleur que quand on est arrivé,
- Soleil ou pas, vent ou pas, on repart. C'est ce qui compte.
- Tu crois qu'on va quand même aller en Islande ?
- Ça c'est pas sûr.

Pour ceux qui prennent le train en route, un petit résumé : Nous sommes rentrés en urgence le 30 mai, ma maman ayant fait une chute d'escalier. A 90 ans, on ne s'en remet pas comme ça... Nos vélos et toutes nos affaires sont restées sur place, à Sylt, tout près de la frontière danoise. Nous sommes rentrés en train, avec juste un petit sac à dos contenant nos affaires sales.

Sylt

Parenthèse ouverte (

1er juin

Aux premiers jours, je refusais de reprendre le rythme de la vie quotidienne. Je voulais rester dans la dimension du voyage... Et puis, petit à petit, la routine l'a emporté : La baguette fraiche le matin, le marché du samedi, les sorties à vélo, les promenades quotidiennes, petits-enfants en vacances... Après tout il valait mieux faire contre mauvaise fortune bon coeur, et se ménager quelques bons moments, entre les visites à l'hôpital.

Nous avons remis nos VTT et vélos classiques en mode voyage. Des traces en boucle chargées sur le GPS et c'est parti pour quelques escapades et nuitées en camping : Saint-Léonard des Bois, Malicorne...

L'occasion aussi de ressortir la mini-remorque et la mini-toile de tente que nous avions utilisée pour la traversée de l'Ardèche il y a quelques années. Pas le même confort, mais l'ambiance est là... et la météo clémente rend la chose tout à fait acceptable. Il ne nous manquait que des matelas et un petit réchaud.

Bref : malgré les aléas, nous entretenons le feu, petite braise rougeoyante que nous ravivons dès que le moindre créneau se présente. Nous sommes incorrigibles ! Ne le répétez pas à Roul'tabille et Séraphine, qui s'ennuient tout là-haut pendant ce temps !

27 juin

Ma maman est toujours à l'hôpital d'Alençon... déjà 4 semaines et pas de visibilité sur la suite !

Elle se remet lentement de sa chute : traumatisme crânien et fracture des cervicales sont finalement sans conséquences. Seule la fracture du bras laissera des séquelles importantes, et compromet sans doute définitivement son autonomie.

Le chef du service neurologie me fait comprendre qu'il ne trouvera pas de place en SSR (Soin de Suite et Rééducation). Avec l'été qui approche et les pénuries de personnel, la moitié des lits doivent fermer. Autant dire que cela fait déjà un bon moment qu'ils ne prennent plus de nouveaux patients.

Et rester dans cet hôpital tout l'été ? Allongée sur un lit, sans projet, sans perspectives ? Pas question.

Ma maman ayant pris conscience qu'elle ne pourrait plus vivre chez elle, est d'accord pour aller dans un EHPAD. Elle souhaite aussi que nous puissions repartir.

Et là, gros coup de chance : j'appelle un vendredi " le Champ de l'Ormeau ", l'EHPAD qui est à 200 mètres de chez nous. Il y a justement une chambre disponible. Visite dans la journée. Décision le dimanche soir. Il ne fallait pas traîner.

Le transfert est prévu pour le vendredi suivant. Nous avons tout juste le temps d'aménager la chambre, qui est très grande. Nous apportons quelques meubles, la télé, les photos et les cadres préférés.

Ça ne vaut pas son " chez soi ", mais vu les circonstances, nous pensons que c'est la moins mauvaise solution.

On est le 1er juillet. Nous décidons de garder la date du 20 pour repartir. Cela laisse du temps pour observer ce qui se passe et régler les détails...

8 juillet

Omicron s'est invité. On vient tout juste de choper le Covid ! juste le jour où nous recevions notre 4ème dose de vaccin (on a d'abord cru à un effet secondaire). Décidément, le sort s'acharne.

Le petit diable, encore... Cette fois il ne nous fait pas rire.

Mais bon. Tout devrait être rentré dans l'ordre d'ici le 20.

On tient le bon bout !

) Parenthèse refermée !

Les billets de train sont réservés. Nos petits sacs à dos sont remplis. Pas difficile : il suffisait d'y remettre exactement les affaires que nous avions rapportées.

Le compte à rebours est lancé. Pas de blague !

La grande question : Irons-nous quand même en Islande ?

J'avoue que l'idée nous tente : atteindre quand même notre objectif, malgré cet aléa majeur, ce serait chouette... Et n'oublions pas : il y a dans ma sacoche un courrier pour Akureyri.

Alors voilà : nous ferons étape à Hirtshals (le port d'embarquement, au nord du Danemark) comme prévu initialement et nous irons voir au guichet de la compagnie si par hasard il y aurait 2 petites places pour nous sur le bateau... Pas de réservation à l'avance. C'est le destin qui décidera !

Si c'est oui, on refera nos plans pour le retour en France, et si c'est non on prendra la route retour comme prévu.

Et de toute façon, Islande ou pas, ça restera un beau et grand voyage.