Mercredi 10/8 (suite)
Nous décidons de quitter Copenhague par le train. L'idée, c'est de sauter par dessus toutes ces interminables banlieues. On a déjà donné à l'arrivée il y a deux jours. Pas envie de recommencer, même sur de très belles pistes cyclables.
264 kr (34€) pour un trajet de 95 km en train, ça nous paraît pas trop cher. Sauf qu'en faisant le ménage dans mon porte-monnaie j'ai jeté les billets ! Plus qu'à retourner au guichet. 264 x 2...
Mais la où ça devient vraiment folklorique, c'est après. Nous demandons à un employé le train pour Køge. Réponse : voie 11 ou voie 12. Ah bon ? On a le choix du quai ?
En descendant à l'étage des voies, nous comprenons : c'est un train de banlieue et il y en a un toutes les 10 minutes. Un coup voie 11, un coup voie 12. Pourquoi pas...
Comment passer pour des touristes
Le train arrive, nous montons à bord avec nos engins pas maniables. Il y a déjà pas mal de vélos. Alors on se faufile comme on peut en essayant de ne pas écraser les pieds des voyageurs, qui nous regardent, mi-amusés mi-dépités... Une dame un peu plus compatissante nous explique : vous êtes montés par la sortie ! Et en effet nos vélos sont à l'envers de tous les autres. Explication : l'espace vélo est un couloir délimité par deux portes. On rentre d'un coté, on se range en épis, et on sort de l'autre. Simple et efficace... quand on sait !
À Køge il y a un changement pour Rødvig, notre destination. Et là, ça se complique encore :
- Nous arrivons sur la voie 4
- Sur le panneau d'affichage, notre train est annoncé voie 2.
- Ascenseur pour monter sur la passerelle, ascenseur pour redescendre sur la voie 2 (heureusement il est assez grand pour y mettre nos 2 vélos).
- Nous sommes sur la voie 2, le train n'est plus annoncé. Une dame nous explique : " il faut aller voie 4."
- Ascenseur pour monter / ascenseur pour redescendre. Nous revoilà sur la voie 4.
- Le panneau d'affichage annonce à nouveau " Rødvig voie 2 ".
- La dame de tout à l'heure nous retient : " non, non, restez là, il ne faut pas tenir compte de l'affichage ". Ah ? bon.
- Nous montons donc dans un train qui ne va pas à Rødvig... " Il y aura un changement à [imprononçable]. Je vous ferai signe. " dit la dame.
- Arrivés à [imprononçable], nous descendons... pour monter dans l'autre rame car le train se sépare en deux.
- La dame, qui s'arrête là, dit : " je ne sais pas combien il y a d'arrêts, mais de toutes façons Rødvig c'est le terminus. Bon voyage ! " Nous la remercions chaleureusement.
Nous arrivons à Rødvig pile à l'heure. Et effectivement la voie s'arrête là. 30 mètres plus loin c'est la mer.
Merci à la dame qui nous à littéralement pris en charge, sans elle on y serait encore...
Près de Rødvig, nous avons repéré un shelter, c'est à dire un abri gratuit. D'après nos informations, il est très rudimentaire. Donc nous faisons provision d'eau aux toilettes du port (il y a toujours des toilettes dans les petits ports de plaisance).
Le shelter est dans une ancienne carrière de craie, que les paysans utilisaient pour rendre la terre moins acide. Le lieu fait partie des falaises de Stevns, un des 7 sites du Danemark classés au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Pourquoi ? Parce que cette falaise date de 65 millions d'années, et qu'entre les épaisseurs de craie, il y a de fines couches grises, chargées de fossiles, dont l'une est contemporaine des dinosaures... Mais laquelle ? Ça restera un mystère pour nous.
Un Visitor's center est en cours de construction, avec un grand parking. Ce coin tranquille ne va plus le rester longtemps...
En attendant, savourons....
Les abris sont bien cachés au fond de la carrière. Les toilettes (sèches) sont condamnées. C'est effectivement TRES rudimentaire.
2 cyclos allemands qui voyagent seuls sont déjà sur place. Nous faisons connaissance et échangeons nos " bons plans ". Marcel est un élève ingénieur qui s'en va en Suède poursuivre ses études. Il y va à vélo. Siggi sort d'une rupture et s'offre un voyage en solitaire. Une thérapie.
Ce soir c'est le grand spectacle : lever de lune, au chaud dans nos duvets, puis le grand spectacle des étoiles. L'abri n'a pas de porte. Bonheur.
Jeudi 11/8
Nous quittons Marcel et Siggi qui tracent vers le nord tandis que nous faisons route au sud-ouest. Petit arrêt aux toilettes du port pour faire nos petites affaires matinales. Béatrice en profite pour prendre une douche.
Sans le faire exprès, nous suivons l'EV10, la véloroute Berlin-Copenhague. Cela explique les nombreux cyclos que nous croisons ou qui nous dépassent. On voit aussi des familles complètes, et même parfois trois générations ensembles. Ça donne des idées...
Nous suivons la côte jusqu'à l'île de Møn, notre prochaine étape. Montées-descentes-montées-descentes... Maintenant on est habitués.
Sur l'île de Møn, nous visons un camping " stratégique " où nous laisserons nos bagages le temps de visiter l'île. Séraph' et Rouletab' vont pouvoir rouler légers, et nous appuyer un peu moins sur les pédales.
Le camping était petit, plein à craquer, très mal tenu, à moitié délabré. Mais une fois passée la mauvaise surprise, il nous convenait très bien. Et c'était - un peu - moins cher que d'habitude. J'ai payé en espèces. Pas de facture, évidemment. Dès que ai eu le dos tourné j'ai entendu les sous tomber dans le bocal des pourboires...
Vendredi 12/8
Nous laissons nos affaires au camping et nous partons légers. L'île de Møn est assez touristique, mais ce n'est pas l'île de Ré non plus. Et surtout, c'est beaucoup moins plat. Plus on s'avance vers le bout de l'île, plus les vallons se creusent, plus les pentes s'accentuent. Au bout, une falaise de craie. 500 marches pour descendre jusqu'à la plage. Ça doit donc faire à peu près 100 mètres. C'est le spot touristique... 35 Kr pour garer sa voiture, mais pour Séraphine et Rouletabille c'est gratuit. Heureusement !
Au retour, nous prenons la route la plus directe. Belle et douce descente de 8km en continu, pour une fois. Et qui prouve qu'on est bien monté quand même !
La voyageuse allemande rencontrée à Rødvig nous avait parlé d'églises décorées du 16ème siècle. Ne sachant pas exactement où elles sont, on s'arrête un peu partout. On a fini par les trouver : Keldby, Elmelunde et Fanefjord.
Samedi 13/8
Nous poursuivons notre route en traversant les îles du Sud du Danemark : Falster et Lolland. Au passage, petit bain dans la Baltique, pas froide du tout.
À Nykøbing notre dernière étape danoise, une petite frayeur : d'après le site de la compagnie, le ferry que nous devons prendre (Rødby-Puttgarten) n'accepte pas les vélos. Un ferry Scandinave qui n'accepterait pas les vélos ? Bizarre... J'appelle la compagnie : non, non, pas de problème, vous ne pouvez pas réserver par internet. il faut prendre les billets sur place. Ouf. Sinon on était bon pour un détour par Rostock.
Dimanche 14/8
Nous filons vers Rødby sur une ancienne voie ferrée, avec vent dans le dos la plupart du temps. 54 km dans la matinée. Un record...
Ce soir, nous dormons en Allemagne, sur l'île de Fehmarn. Fini les super-campings à la danoise. Fini le PQ systématique dans les toilettes ! Il va falloir réapprendre à gérer notre petit stock de papier ouaté...
Et petit cadeau surprise pour finir la journée, revoilà notre plat favori : la digue à moutons avec vent dans le dos...
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