Le train pour Pau...
A la gare de Lübeck, nous faisons connaissance avec un distributeur de billets un peu hermétique. Il sait tout faire, mais c'est au client de deviner ce qui est possible ou pas, quel type de billet prendre pour quel type de train, à quelle heure, faut-il payer pour les vélos, etc. J'ai pensé au guichetier du sketch Le train pour Pau, version électronique !
Perdant espoir de pénétrer le raisonnement de l'obtuse machine, nous prenons le fameux " billet à 9€ " dont Lynn nous avait parlé : c'est une des mesures du gouvernement allemand pour faire face à la soi-disant crise du pouvoir d'achat. Un billet à 9 € valable un mois, pour tous les trajets, sur les réseaux régionaux... Bonne affaire ! Un succès qui serait en partie responsable de la saturation du rail allemand, surtout qu'elle profite même à ceux qui n'en n'ont pas besoin. Les touristes, par exemple !
Nous montons dans le premier train pour Hambourg, car nous voulons partir avant l'heure de pointe, mais y-a-t-il une heure creuse dans cette gare encombrée ?
Descendre pour monter
Autre découverte cocasse : les ingénieurs qui conçoivent les trains allemands ne parlent pas à ceux qui construisent les quais : notre train est à étage, alors la porte est plus basse que le quai : il faut littéralement descendre pour monter dans le train !
Avec nos deux ânes bâtés ce n'est pas simple. Mais pour une personne handicapée en fauteuil c'est quasi-impossible sans aide : pour descendre du train il faut monter. Vous suivez ?
Fumer pue !
En sortant de la gare de Hambourg, ce qui nous saute à la gorge - c'est le cas de le dire - c'est l'odeur de tabac. Ça sent la fumée partout. Des mégots jonchent les trottoirs. Et je ne parle pas des terrasses de café. Finie la propreté danoise. A croire que les hambourgeois ne fument que dans la rue !
Nous courons nous réfugier au Park Hotel am Berliner tor où nous avons réservé. Et oui, l'habitude est prise : étape dans une grande ville = étape à l'hôtel. Pas donné, mais calme et bien placé. Et surtout : nous salivons déjà à la pensée du petit-déjeuner qui nous attend demain...
Mercredi 17/8
Marre de rouler scotchés au bitume
Nous avons décidé de changer les pneus de nos vélos.
Avant de partir nous avions chaussés nos fidèles compagnons de gros pneus tout terrain, en prévision des pistes Islandaises, que nous savons coupantes, cabossées ou sableuses, pour les avoir déjà pratiquées il y a 3 ans.
Mais maintenant ils sont inutiles. Et surtout : on en a marre de rouler scotchés à la route, avec un bruit qui laisse penser que nos vélos ont un moteur. Sacrilège !
Problème : il faut trouver 3 pneus identiques en 20 pouces, convenant à nos besoins, et un quatrième en 26 pouces. Et aussi un carton, du scotch et un bureau de poste pour expédier nos gros pneus en France.
Les magasins de vélos, ce n'est pas ça qui manque à Hambourg. Et puisque nous devons aussi porter une lettre dans un quartier vers le nord de la ville, nous décidons de tenter notre chance dans toutes les échoppes que nous rencontrerons sur notre passage.
Et voilà bientôt la première, pas très grande. Nous entrons. Nous expliquons ce que nous voulons à la jeune vendeuse. Elle file en réserve et nous ramène 4 pneus Schwalbe Marathon plus, exactement ce qu'il nous faut. On paye (remise de 20%...). Je m'installe devant la vitrine pour faire l'échange. Outils et pompe sont à disposition, bien entendu !
Et, devinez ce qu'il y a juste à côté ? Un bureau DHL ! Pendant que j'opère la transformation, Béatrice s'occupe de l'expédition. J'ai à peine fini de gonfler les nouveaux pneus que les anciens sont déjà empaquetés, scotchés, étiquetés et prêt à partir. L'agent DHL s'est occupé de tout. Merci !
En une heure tout fût réglé. Surprise et coup de chance. Encore la magie du voyage !
Nous avons un métier...
Et notre métier, c'est facteur (humain).
Nous avons une lettre à remettre à Adèle, la sœur de Margot, qui vit ici à Hambourg. Nous trouvons l'entrée de l'immeuble et malheureusement Adèle n'est pas là. Nous déposons la lettre dans sa boîte avec un petit mot... Nous ne ferons pas connaissance. Dommage... Dur métier !
Le salon permanent du vélo
Et devinez ce qu'il y a en bas de l'immeuble ? Un magasin de vélos électriques Riese & Müller ! Une incroyable collections de vélos électriques tout neufs, tous plus chers les uns que les autres ! Pour voir un tel rassemblement de matériel en France, il faut attendre le salon du vélo !
On parcourt les allées dans un sens puis dans l'autre, on s'attarde, on reluque, la bave aux lèvres... Voilà une visite intéressante !
Maintenant que nous sommes rassasiés, passons à la visite culturelle...
Hambourg est une très grande ville et il y a beaucoup de choses à voir. Mais comme on ne veut pas s'y éterniser, on a organisé notre parcours : Eglise Saint-Michel, quartier Speicherstadt, et après bye bye. Car il nous faudra bien 2 heures pour traverser le port et la banlieue, et on ne tient pas à faire des heures sup' ce soir.
Saint Michel : baroque et Luther sont des mots qui vont pas bien ensemble
L'église Saint-Michel est un joyau du baroque protestant. Baroque protestant ? Moi qui croyais que l'église réformée était synonyme de sobriété...
Effectivement, c'est du pur baroque : sobre dehors, blanc et dégoulinant de dorures à l'intérieur...
Pour l'élévation spirituelle on repassera. Cherchez l'erreur...
A vrai dire, on a plutôt l'impression d'être dans une salle de théâtre, voire un salon de première classe du Titanic ! Pauvre Martin Luther... Heureusement, sa statue est à l'extérieur. Il n'est pas obligé de voir ça...
La chaire surtout est impressionnante : énorme, lourde et grossière, elle est l'image du pouvoir. Où est passée la réforme Luthérienne ? Dévoyée, à l'époque déjà, par des puissances d'argent, avides de pouvoir et de notoriété... Le monde n'a pas changé.
Leçon : croire en Dieu pourquoi pas, mais toujours se méfier des religions et des religieux... Ce n'est que mon avis.
Le quartier Speicherstadt
Avantage de visiter une ville à vélo : en quelques petits sauts de puce on se porte d'un endroit à l'autre, sans perte de temps, sans souci de parking... Surtout quand c'est une ville allemande !
En quelques minutes nous voici à Speicherstadt, le quartier des entrepôts. Enchevêtrement de canaux, de vieux bâtiments de brique, de friches rénovées, avec au loin les installations du port moderne. C'est ça aussi une ville. Un corps vivant, qui évolue, se transforme.
Séduisante ballade...
Sortie d'un bourg
Hambourg nous a plu. Peut-être étions-nous plus reposés et plus disponibles qu'à Lübeck ?
Maintenant, il faut partir. Quitter la ville, c'est à dire traverser tout le port et les banlieues qui vont avec.
J'ai tracé au hasard sur le GPS une route évitant autant que possible les grands axes. À un moment, le petit écran me dit qu'il faut traverser l'Elbe. Je regarde : pas de pont à cet endroit. Béatrice me dit : " il y a des vélos qui entrent par ici, et ils disparaissent ! "
Solution de l'énigme : il y a un tunnel sous l'Elbe. On y descend par deux grands ascenseurs, réservés aux piétons et aux vélos. Le tunnel est à 24 mètres sous terre et mesure 430 mètres de long.
Et, cerise sur la forêt noire : comme il est fermé aux voitures, il n'y a que des vélos de l'autre côté !
Bonne pioche. Encore un beau cadeau du hasard !
Nous devons maintenant traverser le port vers le sud, en louvoyant entre les docks et les piles de containers. La tranquille sortie du tunnel ne dure qu'un temps. La circulation des camions s'intensifie. Mais heureusement, les itinéraires cyclables sont toujours prévus et nous roulons en sécurité.
Petit à petit, l'urbanisme industriel devient plus clairsemé, la campagne réapparaît. Nous traversons encore quelques villes de banlieue et c'est fini. Nous sommes sortis d'Hambourg.
Ce soir, ce sera à nouveau une étape à l'hôtel : Le Rosengarten, un petit hôtel familial en pleine campagne, comme il y en a beaucoup par ici. Et demain : petit déjeuner !
Après le baroque Luthérien, les aquarelles de Béatrice sont comme une douce tisane digestive. Avec le silence retrouvé des pneus sur l'asphalte, aucun naufrage dans cette histoire !
RépondreSupprimerComme c’est bien dit !
SupprimerMais est-ce que l'on provoque le hasard ? ??
RépondreSupprimerNotre rencontre à Copenhague en est la preuve !
Supprimerpolbec
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