01 - Et l'idée devient voyage...

Où l'on parle de viatique, de préparation et d'imprévu

Au moyen-âge, on appelait « viatique » l'équipement, les provisions et l'argent nécessaire pour un voyage (le mot voyage a la même racine latine).

Préparer un voyage, c'était donc préparer son viatique : ce que le pèlerin mettait dans son baluchon pour faire face aux aléas du chemin.

Notre viatique à nous, c'est un itinéraire, deux vélos avec des sacoches accrochées dessus et autour... et une carte de crédit !

Préparer un voyage, c'est réduire le risque de devoir faire demi-tour par imprévoyance. J'ai par exemple le souvenir d'un cycliste rencontré en Norvège en 2016, près du Cap Nord. Il a dû abandonner tout près du but à cause de douleurs aux genoux : Vélo mal réglé sans doute, chaussures inadaptées, trop neuves, ou tout ça à la fois... J'ai connu au même endroit quelques jours difficiles pour avoir voulu pédaler en Croc's sous la pluie : semelles trop molles => tendinites ! Il faut choisir son équipement... Et le tester avant !

Mais surtout, préparer un voyage, c'est délicieux. C'est un bonheur en soi, c'est déjà partir. Lentement, les pensées s'orientent, comme la limaille devant l'aimant, les lignes de force apparaissent. A grands traits le projet se dessine : Le prétexte, le but, la durée, l'itinéraire... Puis les détails foisonnent, puis les détails dans les détails... Un projet est une figure fractale.

C'est bon de s'amuser à penser à tout. Le diable se cache dans les détails dit-on ? Alors on le cherche partout. On le débusque : « Est-ce que l'eau des torrents Islandais est potable ? Combien faut-il en emporter ? Les vélos couchés, c'est pas stable dans le sable : et si on mettait des pneus plus gros ? Et la météo ? ce sera l'été, certes, mais le temps Islandais est tellement imprévisible, est-ce que notre bonne vieille toile de tente va résister ? etc... ». Chaque question en amène une autre. Et le diable court se cacher ailleurs... et on aime ça !

Mais il faut savoir s'arrêter : prévoir un peu c'est bien, çà rassure. Mais tout prévoir, penser à tout... est-ce vraiment nécessaire ? Et est-ce seulement possible ? On ne part pas dans le désert ni sur la planète Mars. Et puis, on ne part pas non plus d'une feuille blanche. Chez nous, les affaires de voyages sont toujours rangées prêtes à repartir. S'il le fallait, nous serions prêts demain, alors...

Alors restons-en là. Laissons une place à l'inconnu, à l'improvisation. 

Laissons le petit diable à la maison ...

Voilà ce qui est décidé, pour le moment :

• L'itinéraire ? De chez nous à chez nous en passant par le nord de la France, la Belgique, les Pays-Bas l'Allemagne, le Danemark et l'Islande. 6000 Km environ, sans compter les trajets en bateau. La traversée du nord du Danemark jusqu'à l'Islande en passant par les îles Feroé est la seule voie maritime régulière, et donc le seul moyen simple d'éviter l'avion. Nous aurions aimé un retour par le nord de l'Ecosse, mais cela n'existe plus (sauf peut-être en cargo ? à voir...). 

• Combien de temps ? Environ 5 mois. Départ fin avril et retour  fin septembre 2022. La durée du voyage est calculée sur des étapes de 45 km/jour environ. Comme il est probable qu'on en fera plus lorsque le terrain sera facile, cela laissera du temps libre pour les visites, le repos, la peinture, les rencontres...

bleu=aller, marron=retour
Voir en plein écran

• Le moyen de locomotion ? Le vélo. Nos vélos sont « musculaires » comme on dit maintenant pour dire qu'il n'y a pas de moteur électrique. Et pour être encore plus précis, ce sont des vélos couchés, ou horizontaux. 
  
  
• Pourquoi des vélos couchés ? Pour le confort, l'originalité... et surtout l'envie !... Bien sûr, ils ne sont guère adaptés aux mauvais chemins, mais ils devraient faire merveille sur les voies littorales d'Europe du nord (à condition que le vent nous pousse). On leur a mis des gros pneus, dans l'espoir d'une meilleure tenue de route sur les pistes de scories islandaises. Et des sacoches étanches !!!
  
  
• Pourquoi le nord-est de l'Islande ? En 2019, nous avions roulé plutôt dans la partie centre-ouest (la piste F35 pour ceux qui connaissent). Cette fois, le projet c'est de visiter la partie nord-est : les fjords de l'est, le lac Myvatn, la piste F26, la piste F910, le volcan Askja, ... Cela devrait nous prendre environ 40 jours pour 1200 Km. Mais ce n'est qu'un projet. On verra sur place en fonction des rencontres, de la météo et de nos possibilités. Il y aura aussi un passage obligé à Akureyri, la deuxième ville du pays (17 000 habitants quand même !). Je vous dirai pourquoi un peu plus tard ...

• Pourquoi vous n'allez pas tout simplement en avion ? Puisqu'on a la chance de pouvoir prendre notre temps, la vitesse n'est pas indispensable. Et aussi parce que les trajets aller-retour font partie du voyage. Enfin, parce que nous devons apprendre à nous passer de l'avion quand c'est possible.

[Sauf que... Pas de chance, après recherches sur internet, il semblerait que le transport maritime soit plus polluant et plus émetteur de CO2 que l'avion... consternation ! En même temps, ce n'est pas très clair : un avion transporte des passagers, leurs bagages et un peu de fret, tandis qu'un ferry transporte beaucoup plus de fret que de passagers. Est-ce que le calcul est rapporté à toute la charge utile ? ou seulement aux passagers transportés ? je l'ignore. Si vous avez des lumières sur le sujet, partagez-les !

Morale de l'histoire : se méfier des idées reçues, toujours douter.]

• Vous dormirez où ? Sous la tente autant que possible. L'hôtel ou les hébergements en dur, c'est bien agréable, voire nécessaire quand tous les appareils électriques sont à plat ou quand toutes les affaires sont mouillées... mais ça casse l'ambiance. Nous aurons aussi quelques points de chute à l'aller et au retour. Pour le reste, on s'en remet au hasard du chemin et des rencontres...
  
  
• Et pour la nourriture ? Au restaurant le moins possible... a moins qu'il y ait de bonnes raisons ! La encore, pour ne pas casser l'ambiance on préfère manger des nouilles recroquevillés sous notre tente plutôt qu'une pizza insipide dans un fast food. Donc, un petit resto gastronomique de temps en temps pour se faire plaisir : oui ! De la bouffe internationale insipide et hors de prix : le moins possible. 

D'autres questions ? des remarques ? des contributions ? => utilisez le champ commentaire juste en dessous (attention, on ne le voit pas très bien)

<- Précédent

Suivant ->